Le bénévolat en transformation

De nombreuses personnes s’engagent en tant que bénévoles. Pourtant, le bénévolat a évolué ces dernières années et les organisations ont dû s’adapter, y compris les scout·e·s, vedettes de longue date en ce qui concerne ce type d’engagement. Pour comprendre comment le mouvement a réagi à cette évolution, voici le témoignage des scout·e·s de la Commune de Sanem.

C’est un mardi matin bien froid, -5 degrés, alors que les rayons de soleil commencent à réchauffer nos visages. Philippe Kröger nous a donné rendez-vous devant les locaux scout·e·s à Belvaux, juste à côté de la Theaterstiffchen de Mimmchen. « Bonjour », dit-il quelques minutes après notre arrivée, sa voix basse résonnant derrière nous. « Je suis désolé, j’ai dû dégivrer ma voiture et ça a pris plus de temps que prévu. » Philippe se présente en tenue appropriée, prêt à repartir – « après l’interview, je partirai en forêt » -, avec le foulard scout autour du cou et la chemise à la main. Il troque sa veste contre le gilet, dont chaque centimètre carré est orné de badges. « Bien, nous pouvons commencer. »

« Le remerciement ne se voit pas forcément sur papier, mais chez les enfants heureux ou les parents fiers. » – Lis Koster

Philippe parle passionnément de son engagement. « Je suis scout depuis 14 ans », se souvient-il. « Mais je ne me rappelle pas vraiment. Comme tu le remarques, cela fait déjà un bon moment », dit-il en souriant. À 22 ans, il a rejoint les Guides et Scouts LGS Belvaux-Soleuvre avec des ami·e·s et occupe désormais les postes de chef de groupe et de président. Il assume également quelques responsabilités au niveau national. « Au sein de la commune, je suis responsable du groupe des Avex », explique le futur enseignant. « Ce sont des jeunes entre 11 et 14 ans, donc en pleine puberté. C’est vraiment intéressant à certains moments. »

En groupe, Philippe passe la plus grande partie du temps en forêt. « Autrefois, c’était un peu différent, nous étions souvent à l’intérieur en train de bricoler. Aujourd’hui, je préfère cette approche d’être en pleine natur. Avec mes jeunes, je fais beaucoup de feux de camp pour qu’ils apprennent à le faire eux-mêmes. » Donc une sorte d’entraînement à la survie ? Le scout rigole : « En quelque sorte. » Bien sûr, des événements comme les feux de camp, la kermesse scoute et le camp annuel restent au programme, ce dernier ayant eu lieu l’été dernier à Ettelbruck. « Nous avons dormi dans des tentes et cuisiné en plein air – avec 400 enfants. »

Outre la formation pratique que reçoivent les scout·e·s, des rencontres plus informelles sont organisées tout au long de l’année. « Parfois, je vais jouer au laser tag avec mon groupe, à la patinoire ou au marché de Noël. Après, nous dormons ici, dans nos locaux. C’est génial, surtout pour les adolescents, cela revient à sortir le vendredi soir. C’est une bonne alternative, surtout quand ils sont encore trop jeunes pour vraiment sortir. »

Pour Philippe, il est assez facile de résumer la corrélation entre scoutisme et bénévolat : « Les scouts essaient de faire quelque chose de bien, et le bénévolat est l’une des meilleures choses qu’une personne puisse faire. Plus on s’engage, plus le bénévolat devient naturel. Cette mentalité vient tout naturellement. »

Il en va de même pour Lis Koster de la LGS Sainte Catherine à Sanem. Cette enseignante de 23 ans a été scoute toute sa vie. « Mes grands-parents étaient déjà chez les scouts, mes parents, mon frère, » Il n’est donc pas surprenant que Lis en ait également fait partie dès son plus jeune âge. « J’ai commencé à l’âge de 6 ans, mais à 16 ans, j’ai commencé à monter en grade et je suis devenue cheffe de branche, et à 18 ans, j’ai eu plus de responsabilités, dont celle de secrétaire depuis 2021, avec deux autres scoutes. »

Ainsi, Lis explique : « Le scoutisme est une école de vie. C’est ce que tu n’apprends pas dans une salle de classe. Tu obtiens une toute autre perspective sur beaucoup de choses. » Elle va même plus loin : « Le scoutisme et le bénévolat sont deux concepts qui vont de pair. L’un ne peut pas exister sans l’autre » Lis est également convaincue que les deux éléments font partie d’un même style de vie. « Je n’ai jamais eu l’impression de devoir travailler. Pour moi, c’est devenu une routine au fil des années. Il est assez bizarre s’il n’y a pas de réunion une fois par semaine. » Mais elle est aussi honnête : « Bien sûr que je suis contente quand je peux prendre une vraie douche après dix jours de camp », dit-elle en rigolant.

« Mais je ne veux pas non plus idéaliser le bénévolat. En tant que scout, on investit beaucoup de son temps. La reconnaissance ne se voit pas forcément sur le papier, mais dans le bonheur des enfants ou la fierté des parents. Quand je vois que les parents sont fiers de l’évolution des enfants, cela me rend vraiment heureuse. » Avec les enfants, ce sont ces moments-là, surtout avec les plus grand·e·s (les Avex), dont Lis est la cheffe, quand ils sont en âge de participer à des activités vraiment « cool », comme elle le dit elle-même. « Assister à leur développement – les voir grandir et devenir de plus en plus autonomes. C’est particulièrement satisfaisant lorsqu’ils découvrent de plus en plus le scoutisme. Au début, c’est un grand point d’interrogation pour eux, mais plus ils grandissent, plus nous pouvons les accompagner sur leur chemin. »

Bien que cela soit une évidence pour Lis, elle a remarqué la baisse du nombre de personnes qui s’engagent corps et âme en tant que bénévoles. « L’enthousiasme est grand chez les enfants, mais diminue malheureusement chez les adultes qui nous aident. Il y a une différence entre le nombre indiqué sur notre liste de membres et le nombre réel de personnes qui sont impliquées. Pour ceux qui sont à l’université, il est difficile de se réengager après. » Lis affirme pour sa part que convaincre les gens de s’engager dans le bénévolat n’est pas nécessaire. « Si quelqu’un est forcé de le faire, il ne le fera de toute façon pas avec enthousiasme. Nous essayons d’être présents, d’organiser des événements, nous organisons des journées portes ouvertes, … »

Lis estime pouvoir s’adresser aux enfants d’une manière particulière : « Si les enfants aiment ce qu’ils font avec nous, peut-être que les parents y réfléchiront aussi. » La jeune femme de 23 ans s’efforce en particulier de promouvoir le bénévolat auprès des jeunes de manière naturelle. « J’essaie de construire une bonne relation avec eux. Cela aide énormément. » En outre, le prochain camp à Kandersteg en Suisse, où se trouve le centre scout international, est imminent – Lis en est ravie. « Cet endroit vit exclusivement grâce aux bénévoles. Nous voulons y aborder l’histoire du scoutisme dans son ensemble. » Les jeunes voient donc aujourd’hui ce que le scoutisme et le bénévolat impliquent. De cette manière, Lis essaie de s’assurer que certains d’entre eux·elles continueront à faire du bénévolat plus tard dans leur vie d’adulte – un peu comme elle.

Il en va de même pour Philippe. « J’ai commencé avec un ami, nous avons suivi des formations ensemble, nous sommes devenus chefs, c’est ce que je veux aussi enseigner à mes jeunes. » Il souligne également que le bénévolat est devenu extrêmement compétitif. « Cela pose des défis à toutes les associations, pas seulement aux scouts. » La rémunération – ou plutôt le manque de moyens financiers adéquats – joue un rôle, mais le jeune homme ne compte pas s’y limiter. « La concurrence est intensive, il y a tellement de possibilités. Une grande partie est rémunérée. Et puis il y a la gestion du temps, on grandit, les intérêts changent ou on devient parents. »

« Les scouts essaient de faire quelque chose de bien, et le bénévolat est l’une des meilleures choses qu’une personne puisse faire » – Philippe Kröger

C’est précisément là que les scout·e·s tentent de s’adapter, explique-t-il. « Lors de notre dernier camp, nous avions une garderie », raconte-t-il. « Il y avait tellement d’adultes avec des enfants que nous avons pu les assister un peu. » Les événements permettent aussi de rencontrer des gens. « Nous en avons beaucoup où les mères ou les pères s’impliquent à un moment donné. À ce sujet, je dois dire que j’ai toujours été content que mes parents ne soient pas chez les scouts », dit Philippe en souriant. « C’était l’endroit où je pouvais m’évader sans être directement réprimandé. »

Le plus beau côté de son bénévolat : « Cela fait un bon moment que je suis là et j’ai rencontré certains d’entre eux à l’âge de six ans – ils font maintenant partie de mon groupe », explique-t-il. Lorsque Philippe se remémore d’autres moments, ses yeux s’illuminent. « Je me souviens de notre camp international en Finlande il y a quelques années. J’avais 14 ans à l’époque. C’était tellement beau. Imagine-toi assis avec 20 000 autres personnes dans un demi-cercle. Des gens qui ont la même approche que toi. C’est vraiment impressionnant. » Même aujourd’hui, il est toujours en contact avec une amie qu’il a rencontrée là-bas. « Tu rencontres des gens du monde entier. Peu importe où tu vas, tu trouveras toujours un scout. »

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