Interview avec la bourgmestre Simone Asselborn-Bintz (SAB) et l’échevine des finances Nathalie Morgenthaler (NM) sur le budget 2023, l’inflation ainsi que les projets majeurs de la commune. En plus, nous faisons le point sur la situation du personnel de même que sur la clôture du projet loop.
La situation actuelle pèse sur le portefeuille de chaque ménage. Quelles sont les hausses auxquelles la commune doit faire face ?
SAB En-dehors des hausses des coûts de l’énergie, qui nous affectent au niveau de la commune autant que chez les particuliers, d’autres contributions augmentent aussi continuellement, sans que nous puissions y faire grand chose. Nous avons dès lors payé 686.000 € au total pour 2023 pour notre participation aux différents syndicats.
NM Un autre exemple : le prix de l’eau par mètre cube a fusé de 1,20 € à1,90 € (HTVA) à l’achat pour notre commune. Cela représente une augmentation d’à peine 60 %, que l’on devra un jour refacturer au consommateur, le citoyen en l’occurrence.
… Mot clé : principe de couverture des frais …
NM En tant que commune, nous n’allons pas et nous ne souhaitons pas répercuter tout sur nos citoyens. Dans une entreprise, quand les coûts de production augmentent, cela se remarque rapidement sur les factures. Si tout augmente, comme c’est le cas actuellement, alors nous sommes bien entendu les derniers à vouloir augmenter les prix. D’autant plus que pour nous, l’efficacité des plafonnements n’est pas toujours donnée (comme pour l’eau) et dans certains cas, nous devons couvrir les frais dans différents domaines conformément à la loi.
Qu’en est-il de la situation du personnel, respectivement, de quelle marge dispose la commune pour ces frais ?
SAB Bien entendu, personne ne va être licencié, mais nous devons tenir notre politique d’engagement à l’œil. Surtout pour les postes dont les titulaires partent à la retraite, il nous faut analyser dans quelle forme il convient de les remplacer et s’il est possibles que nos services collaborent de manière plus efficace encore. Si l’on regarde les postes supplémentaires pour 2023 (24,55 ETP en tout), on s’aperçoit au premier coup d’œil où il n’y a quasi pas de marge pour réaliser des économies : c’est le cas plus particulièrement pour l’encadrement des plus jeunes et des plus âgés de notre société.
Une mission élémentaire, dont nous allons tenir compte au niveau du SEA et du CIPA REWA, aussi avec 16,5 de nouveaux ETP. Si l’on parle de ressources humaines, il est impératif de tenir les tranches indiciaires à l’oeil. Au cas où, en 2023, il y en aura effectivement 2, sinon 3, il faudra bien évidemment compter sur un impact direct au niveau de nos coûts du personnel. Trois tranches nous coûtent en tout quelque 3 millions d’€. L’adaptation à une convention collective des communes du Sud s’y ajoute de toute manière avec presque 850.000 €.
Nous avons dû abandonner le Mathiko.
Y a-t-il ses projets d’envergure qui ne pourront pas voir le jour en raison de l’actuelle situation financière ?
SAB C’est le cœur gros que nous avons dû abandonner définitivement le projet de Mathiko (Knobelmusée), surtout puisque les coûts ont explosé (70 % de surplus) et par les temps qui courent, il aurait été irresponsable de forcer la main. Puisque nos archives sont tout de même trop exigües, la planification d’une extension minimaliste s’impose toutefois. Pour ce qui est de nos fêtes communales, nous avons également dû effectuer des coupes sombres. Dès lors, nous n’organiserons pas de Summerfeeling en 2023 et pour d’autres événements d’une certaine importance, nous devrons évaluer s’il est opportun de demander un prix d’entrée modéré.
Au printemps 2022, la Commune de Sanem a accueilli son 18.000e résident. Qui dit plus de résidents, dit évidemment plus d’écoliers. Qu’en est-il à ce nouveau dans la commune ?
NM Nous ne lésinons pas pour l’éducation de nos enfants. Pour 2023, nous avons budgétisé pas moins de 6,5 millions d’€ pour la nouvelle SEA près de l’école 2000 à Soleuvre. À Sanem également, 500.000 € sont prévus pour de nouvelles infrastructures à cet égard. Dans l’ensemble et au moyen de notre plan Masterplang Bildung 2035, nous nous efforçons de répondre à l’évolution de notre population en construisant de nouveaux quartiers. Dans ce contexte, évoquons à nouveau les zones 30 prévues à proximité de nos écoles. À Ehlerange, les travaux avancent bien et une somme de 450.000 € est prévue pour la création d’une telle zone près de l’école de Belvaux-Post.
Nos associations pourront continuer à avoir confiance en nous.
Certains investissements importants se trouvent dans le nouveau budget en matière d’infrastructures sportives …
NM Nos associations pourront continuer à avoir confiance en nous. Grâce au terrain U13 prévu à Ehlerange, à l’extension de la tribune, au renouvellement du terrain synthétique à Sanem ainsi qu’au parquet flambant neuf au Sportikuss, nous faisons en sorte que nos équipes compétitives et nos enfants surtout, puissent s’entraîner et s’amuser de la meilleure manière qui soit.
Un poste sur lequel nous ne comptons pas faire d’économies à l’avenir, ce sont les subsides …
NM En tant que commune, nous payons en tout quelque 2,2 millions d’€ sous forme de subsides. Les postes les plus importants sont l’allocation de vie chère avec 800.000 d’€ et la convention avec l’Office social pour un montant de plus de 700.000 d’€. Il faut dire que ce sont des fonds bien dépensés puisqu’ils viennent en aide aux plus vulnérables de notre société. En outre, nous attribuons un petit 220.000 € comme soutien à nos associations.
Quelles sont les dépenses extraordinaires les plus importantes dans ce budget ?
SAB La nouvelle Maison sociale dans le bas de la route d’Esch à Belvaux va déjà engloutir presque 7,5 millions d’€ du budget. Il y aura bien sûr des logements à prix abordables qui seront construits ensemble avec la SNHBM, mais également des locaux pour une équipe de proximité ainsi qu’une salle multifonctionnelle pour nos associations. Nous avons déjà mentionné la nouvelle Maison Relais près de l’école 2000. En tant que commune, nous nous efforçons de jouer un rôle actif en matière de construction de logements. Ainsi, pour l’année prochaine, 4,7 millions d’€ sont budgétisés pour l’acquisition de terrains et d’immeubles dans ce contexte.
Un budget adapté sans autant mettre des freins.
Comment décririez-vous le budget 2023 ?
NM Dans l’ensemble, c’est un budget qui permet de redresser la situation sans pour autant permettre des extravagances. Un budget adapté à la situation actuelle plutôt marquée par l’incertitude, qui fait preuve de prudence sans pour autant mettre des freins ou stopper l’état des choses. Notre excédant ordinaire (au budget initial) passe de 3 millions d’€ à 7 millions d’€ alors que notre endettement per capita diminue. De plus, n’oublions pas que, contrairement à de nombreuses autres communes, nous avons maintenant, en 2022, utilisé notre prêt de plus de 16 millions d’€. Tous les partis du conseil communal ont marqué leur approbation à cet égard et nous estimons que les conditions négociées vont se détériorer à l’avenir plutôt que de s’améliorer.
La clôture de l’année de calendrier va de pair avec celle de la ville européenne de la culture. Est-il déjà possible de tirer un bilan définitif du loop ?
SAB L’un dans l’autre, nous sommes restés un bon bout en-dessous du budget alloué pour Esch2022. C’est surtout dû au fait que plusieurs de nos non moins de 17 projets se sont avérés moins chers dans l’implémentation que nous ne l’avions estimé au départ. Et puis, un bon 500.000 € nous a été restitué d’Esch2022. Sans oublier qu’avec le pavillon de la source Bel-Val, la sculpture PGR de Claudia Passeri et puis sous peu le Sentier historique au Wënschel, nous disposons directement de quelques projets d’infrastructure par lesquels la commune gagnera en attractivité bien au-delà de 2022.
