Ne pas s'arrêter • Suessem, je t'aime

L’ère numérique n’est pas réservée qu’aux jeunes ! En réalité, l’intérêt des générations plus âgées pour ces sujets se manifeste de plus en plus. Cependant, il arrive souvent qu’ils·elles soient laissé·e·s pour compte lors des avancées technologiques. Pour les soutenir activement, une conférence en ligne sur la sécurité est organisée en juin. Avec l’association GoldenMe et une « Silver Surfer », nous avons discuté des défis et des opportunités du progrès technologique.

Ils·elles sont assis·e·s autour d’une grande table sur laquelle sont encore posées quelques boîtes de pizzas. Le groupe rit autour d’un café et d’un gâteau – il est impossible de ne pas remarquer que le groupe s’entend bien. « Ce sont nos Silver Surfers », dira plus tard Anne Frausing de l’organisation GoldenMe lors de l’interview. Ils·elles font partie intégrante des cafés smartphone, des conférences et des événements de l’organisation, tout ce qui a trait à la sécurité numérique et à l’inclusion. Autrement dit, ce sont des passionné·e·s de technologie à la retraite.

Anne est la responsable de ce groupe de bénévoles et propose elle-même des formations. « Liette est une Silver Surfer », souligne-t-elle en désignant son interlocutrice. « En fait, je suis engagée dans la commission sociale de la Commune de Betzdorf », ajoute Liette. Un jour, elle a rejoint GoldenMe. « J’ai été impressionnée par le contenu et les offres. » Aujourd’hui, Liette fait partie de l’équipe qui motive les personnes âgées. « Nous apportons notre soutien dans des domaines où nous ne nous sentons pas à l’aise. » Anne explique que les bénévoles reçoivent la formation nécessaire pour être bien préparé·e·s. « Nous devons aller vers les personnes qui sont plus difficiles à atteindre. Malgré tous les progrès, nous ne devons pas les oublier. »

Hormis les aspects techniques, il s’agit souvent d’écouter les gens, de ne pas les laisser seul·e·s avec leur frustration et de prendre au sérieux leur peur de l’inconnu. Beaucoup sont trop prudent·e·s, estiment les deux femmes. « J’ai vu des situations où les particuliers ne visitaient que deux sites web parce qu’ils n’avaient confiance qu’en eux », se souvient Liette. « Finalement, il s’est avéré que c’était précisément ces deux sites qu’ils auraient dû surveiller de plus près. » Anne fait remarquer : « Ils ne consultent donc que deux sites et manquent ainsi de nombreuses informations qui pourraient être utiles et intéressantes pour eux. »

Ne pas avoir honte de demander de l’aide

C’est justement quand les gens sont seul·e·s – puisque certain·e·s n’ont pas la chance d’avoir une famille capable de leur expliquer tout ce qu’ils doivent savoir – qu’ils·elles pourraient utiliser les médias en ligne de différentes manières. Anne et Liette sont convaincues de l’importance pour la famille d’aborder directement le sujet et d’entamer une discussion lorsque des tiers remarquent des choses paraissant anormales. « Derrière cette pratique se cache souvent une tactique de chantage », explique Anne. « Cela se poursuit au fil du temps et s’intensifie après la première référence. »

« Il ne s’agit pas seulement des dangers et des risques, mais aussi des aspects positifs que chacun peut filtrer pour soi-même. » – Liette, Silver Surfer

Une peur répandue et persistante est le phishing : de faux e-mails, SMS, appels ou même des sites web où les criminels tentent d’obtenir de l’argent et des informations personnelles. La cybercriminalité se propage rapidement et profite des émotions humaines telles que la honte, la panique et le stress, explique Anne. « Si vous êtes victime, vous ne devriez pas avoir honte. Et si une personne est concernée : indiquez que ce genre de tentatives touche de nombreuses personnes et que quasiment tout le monde est confronté. Nous recevons tous des e-mails de ce type, et souvent, nous cliquons plus vite que nous réfléchissons. »

C’est pourquoi GoldenMe, en collaboration avec la Commune de Sanem, organise le 18 juin une conférence consacrée à certains thèmes liés à la sécurité en ligne pour les personnes plus âgées. Il sera question de cookies, d’achats en ligne, de Luxtrust et de la méthode courante du phishing. « Le phishing est la principale raison pour laquelle les gens nous contactent », clarifie Anne. « Nous n’expliquons pas aux gens comment cela fonctionne concrètement, mais comment ils peuvent se protéger de manière préventive. » Un quiz vise à montrer ce qu’est le phishing et comment on peut y réagir. La présentation contient une grande partie interactive, afin que ce qui est expliqué puisse être compris le mieux possible.

Les deux interlocutrices sont convaincues qu’en plus de toutes les mesures de sécurité digitale, un mot de passe fort revêt une importance primordiale. Cet aspect sera également abordé à la conférence. « L’une d’entre nous, Yolande, travaille beaucoup avec des images », explique Anne. « Par exemple : ‘Si tu n’as pas de mot de passe solide, c’est comme si tu as verrouillé la porte d’entrée, mais que tu as laissé les fenêtres grandes ouvertes’ – cela reste dans la mémoire. » La question des gestionnaires de mots de passe sera également abordée. « J’ai toutefois constaté », explique Liette, « que les gens sont réticents et ne font pas entièrement confiance à cet outil. » Encore une fois, il s’agit donc de sensibiliser et de dépasser les craintes.

Contrôler ses propres fuites de données

Il sera également question du site www.haveibeenpwned.com, qui permet d’entrer son adresse électronique et de vérifier si elle a été compromise lors d’une fuite de données et ce qu’il faut faire dans de tels cas pour éviter que cette situation ne se reproduise à l’avenir. Plus précisément, des données personnelles – comme le nom, mais aussi les comptes sur les médias sociaux, les mots de passe ou même les numéros de téléphone – peuvent être récupérées et revendues sur le dark web.

Luxtrust est un autre grand sujet de discussion, et Anne reconnaît que la plupart des personnes ayant contacté GoldenMe ont déjà été concernées. « Nous sommes également en contact avec les banques pour qu’elles informent les gens », explique-t-elle. Dans chaque agence, une personne a été formée et est prête à expliquer aux client·e·s comment fonctionnent les services bancaires en ligne et la façon d’utiliser l’application bancaire. « Nous devons sensibiliser les banques et les responsabiliser », poursuit la collaboratrice de GoldenMe.

« Surtout si vous êtes plus souvent seul, vous pouvez découvrir énormément de choses enrichissantes avec votre smartphone et sur Internet. » – Anne Frausing, GoldenMe

« Un aspect important, qui n’est pas vraiment traité avec l’attention et la pertinence nécessaires, est la responsabilité que les institutions officielles – comme l’État – devraient assumer. La théorie est en place, mais ce dont nous avons besoin, ce sont des ateliers réguliers au cours desquels nous simulons ensemble des cas individuels », expliquent les deux interlocutrices.

Elles évoquent la conférence de juin et son impact. « Il s’agit en premier lieu d’une conférence d’information », souligne Anne. « Le sujet et ses différents aspects seront par la suite approfondis dans le cadre d’ateliers individuels. Récemment, nous avons organisé un workshop sur l’intelligence artificielle en abordant différentes questions : Que peut être l’intelligence artificielle ? Comment la reconnaître ? Quels sont les prompts et comment les utiliser correctement ? » Finalement, deux dates supplémentaires ont dû être ajoutées en raison de la forte demande.

« Pour notre groupe de Silver Surfers, nous avons prévu une formation au sujet d’iCloud la semaine prochaine, qui sera assurée par Camille, un ancien informaticien », explique Anne. Camille est assis à quelques tables plus loin devant son laptop avec une autre Silver Surfer, les deux semblent d’avoir déjà approfondi le sujet de la semaine prochaine. « Ensuite, nous avons également prévu un atelier sur les plateformes de médias sociaux, les algorithmes et les influenceurs. De nombreuses personnes se sont inscrites à cet atelier. Un autre séminaire déjà réalisé portait sur la mobilité, Google Maps et mobiliteit.lu. Pour celui-ci, l’intérêt était moins prononcé. C’est comme ça, ça varie.

Liette est passionnée par tout ce qui touche au monde numérique. Elle a déjà suivi plusieurs formations et continue à se former. À la question si cela a toujours été le cas, elle rit : « J’ai aussi beaucoup appris par moi-même », dit-elle. Pour Liette, il a toujours été important de « ne pas rester figé ». « Je ne peux pas non plus toujours tout faire tout de suite, mais c’est justement pour cela que je m’y intéresse. Et quand je ne sais pas comment ça fonctionne, GoldenMe est là pour m’aider. »

Liette informe avec passion

Liette prend une petite pause. « Je me souviens de quelque chose. Je suis en effet membre des conseillers en sécurité pour les personnes âgées (SSB), c’est là que tout a commencé », explique-t-elle en souriant. Il s’agit d’un groupe de personnes qui s’engage de manière générale pour la sécurité des personnes âgées. « A l’époque, nous sensibilisions beaucoup autour de l’escroquerie aux petits-enfants ou des pickpockets. » Peu à peu, les préoccupations concernant la sécurité en ligne ont pris de l’ampleur, si bien qu’un groupe, désormais les Silver Surfers, s’est spécialisé dans ce domaine et est encadré par GoldenMe, tandis que les ASS s’occupent de problèmes de sécurité plus traditionnels.

Pour Liette, son engagement auprès de ses pairs pendant sa retraite est assez simple à expliquer. « J’aide à faire en sorte que les gens reçoivent les informations qui sont importantes pour eux à ce moment-là. Je les aide à ne pas rester immobiles, mais à aller de l’avant. Je les accompagne d’une manière qui les rend moins dépendants. » Pour elle, il est important que les deux aspects soient pris en compte. « Il ne s’agit pas seulement des dangers et des risques, mais aussi des aspects positifs que chacun peut tirer pour lui-même. L’année dernière, j’ai participé à une formation sur la manière d’utiliser les médias numériques sans compromettre la sécurité. Il est important d’encourager les gens à être proactifs. Il ne faut pas seulement penser aux désavantages, mais aussi aux atouts. »