La Maison des Jeunes, une école de la vie

Si vous êtes amateur de chanson française des années 1960, vous connaissez certainement « Les jolies colonies de vacances », le tube de Pierre Perret. Aujourd’hui, ce n’est pourtant pas en colonie que l’on vous emmène. Mais c’est tout comme : direction la Maison des Jeunes de Soleuvre. Entre fous rires, discussions animées, parties de billard et répétition pour la prochaine représentation théâtrale, nous avons rencontré ceux qui incarnent la jeunesse de notre Commune.

Effectivement, vu le ciel gris et la pluie qui fait son apparition au moment où nous poussons la porte de la Maison des Jeunes, nous sommes à mille lieux des colonies de vacances sous le soleil du sud. Pourtant, rien qu’en regardant les nombreuses photos accrochées sur les murs du bâtiment, nous y sommes plongés en un quart de seconde. Cet été, ils sont en effet une dizaine de jeunes à avoir pris les routes de France pour rejoindre Sète.

Ce voyage, c’était loin d’être une première pour ces ados. En 2019, ils ont d’ailleurs déjà eu l’occasion de visiter Londres et Matera (Italie), capitale européenne de la culture. Pourtant, comme l’aime à nous le répéter Paulo, éducateur, il n’est pas une agence de voyage, ni un tour opérateur : « l’idée est que les jeunes préparent le voyage, et que, sur place, ils se débrouillent, quitte à se perdre et à passer trois fois devant la même chose ». Derrière cette philosophie, l’idée n’est pas, évidemment, pour Paulo, de se tourner les pouces. Mais bien de responsabiliser la jeune troupe.

L’objectif est, également, qu’elle s’implique en amont, au moment de la préparation du voyage, et de son financement. Cela ne se fait pas à la légère, et demande parfois jusqu’à 10 mois d’investissement. « Les jeunes doivent être acteur de leur propre projet. Cela permet de les valoriser, et ils s’appliquent davantage » souligne Paulo.

Un savant mélange d’écoute et d’amusement

Parmi celles et ceux qui se rendent régulièrement dans ce « foyer ouvert », Corinne. Âgée de 14 ans, cela fait deux ans qu’elle prend la direction du 75 rue de Belvaux plusieurs fois par semaine : « au départ, ce sont des amis qui m’ont incitée à y venir ». Derrière son apparente timidité d’adolescente, elle s’épanouit ici, et prend plaisir à simplement venir discuter avec ses camarades et les éducateurs, ou à participer aux différentes activités organisées, comme les parties de laser game, ou encore l’atelier cuisine du vendredi soir.

Ce dernier, c’est une tradition. Une façon de se réunir, pour célébrer le week-end à venir, mais aussi un moment, une fois de plus, pour rendre responsable les jeunes. Si cuisiner, ça n’a l’air de rien, c’est peut-être la première fois, pour un ado, qu’il va voir une casserole de si près. « Ça ne me pose pas de soucis si les pâtes préparées sont trop cuites ou s’il manque du sel. En revanche, mon rôle d’éducateur, c’est de faire en sorte que cela ne se reproduise plus et, donc, de discuter avec lui pour voir comment il peut éviter ce genre de désagrément ».

Si Paulo et ses 4 comparses, éducateurs également, sont là pour aider les jeunes à appréhender ce genre de situations banales, ils sont aussi disponibles pour discuter avec eux et leur prêter une oreille attentive, peu importe le problème. « L’écoute est quelque chose de très important. Et, surtout, on ne peut rien obliger. L’un d’entre eux n’a pas envie de venir pendant 3 mois ? C’est son droit ! On fonctionne à l’envie ici, et ils nous le rendent bien car, lorsqu’ils viennent, on ne les force à rien. Lors des repas, ils prennent même l’initiative de débarrasser la table d’eux-mêmes ». Une victoire, en soi.

 

« Un jeune qui rencontre des obstacles, c’est aussi comme ça qu’il apprend ».

Le projet qui monopolise la joyeuse troupe à l’heure actuelle, c’est la répétition de la pièce de théâtre qui sera jouée sur la scène de l’Artikuss les 2 et 3 novembre prochain. Les derniers détails se règlent actuellement, de la confection des costumes aux répétitions, en passant par la construction des décors. Depuis le début, Corinne s’est impliquée dans le projet. Elle sera présente sur scène, mais est aussi en charge d’apporter un côté musical, puisqu’elle joue du piano. « Je découvre cet univers, et ça me plaît énormément ».

Comme nous l’explique Paulo, la pièce de cette année, complètement imaginée, traitera d’une thématique précise : le respect. « C’est une valeur primordiale, et nous essayons de la véhiculer chaque jour lors de notre travail auprès des jeunes. L’objectif est que chacun puisse mettre la main à la pâte et apporte ses compétences. Certains ne veulent pas être sur scène, mais peuvent s’impliquer d’une toute autre manière. Une véritable dynamique de groupe se crée et c’est aussi pour eux l’occasion de s’exprimer, chose qu’ils n’osent peut-être pas faire à la maison ou à l’école, mais aussi de se faire entendre auprès des adultes lors de la représentation ».

Dans la foulée, le rideau à peine tombé sur la scène de l’Artikuss, il sera temps de penser au prochain projet, et aux fêtes de fin d’année qui approchent. Tous vont ainsi se lancer dans la vente et la confection de couronnes de l’avent. « Grâce à l’argent récolté, nous planifions déjà un futur city-trip. Cette fois, nous irons à Paris, et profiterons de notre passage dans la capitale française pour aller voir… une pièce de théâtre ! ».

 

Créer un cocon dans lequel le jeune se sent bien

Au détour du couloir principal de la Maison des Jeunes, c’est un autre visage souriant que nous croisons, celui d’Emilie. A 20 ans, l’étudiante en sciences sociales et éducatives connaît particulièrement bien la structure puisqu’elle y a effectué un stage il y a quelques mois : « j’ai beaucoup parlé avec les jeunes et, même si on avait pratiquement le même âge, ils m’ont très bien accueillie. J’ai également organisé quelques activités ».

Conquise par cette expérience dans le monde professionnel, elle l’a également été par l’ambiance et la bienveillance qui règne au sein de la Maison des Jeunes. Si bien qu’aujourd’hui, elle y revient régulièrement, mais comme « jeune » cette fois-ci. « Si j’avais su que c’était aussi sympa, j’y serais venue plus tôt ». Depuis, présente au moins une fois par semaine, elle a même rejoint l’Animastaff, comme le montre le t-shirt qu’elle porte.

Mais l’Animastaff, kézako ? « Il s’agit d’un projet mis en place par l’équipe éducative de la Maison des Jeunes. L’objectif est de leur permettre d’obtenir une première expérience, de les responsabiliser d’avantage, et de leur donner la possibilité de gagner de l’argent de poche ». Concrètement, le jeune, entre 16 et 26 ans, reçoit une formation – dispensée gratuitement – avant de pouvoir se mettre au travail. Il se voit ensuite confier des missions : animations diverses pour enfants, facepainting, modelage de ballons, catering, etc., lors de tous types d’évènements (mariage, anniversaire, fête de comité, etc.).

Comme Corinne et Emilie, ils sont nombreux à venir chaque semaine à la Maison des Jeunes. Plus que des retrouvailles avec leurs amis, c’est aussi un endroit dans lequel ils se sentent bien qu’ils cherchent. Un espace de vie, d’écoute et d’empathie. On le sait, l’adolescence peut parfois être une période compliquée. Ici, tout est fait pour que nos adultes de demain grandissent sereinement.

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