Un refuge de solidarité pour chaque citoyen·ne

L’Office social apparaît souvent comme un recours ultime pour ses habitant·e·s, sollicité généralement lorsque les situations de vie basculent vers la précarité. Néanmoins, ce bastion de l’entraide prône une démarche proactive, se tenant prêt à offrir conseils et orientations personnalisées à chacun·e, quelles que soient les circonstances.

« La loi sur l’aide sociale nous mandate de prévenir que quiconque se retrouve sans abri ou ne succombe à la faim. Cela constitue notre mission fondamentale. Mais nos efforts s’étendent bien au-delà », affirme avec conviction Jemp Schlesser, président du conseil d’administration de l’Office social. Notre visite à la Maison sociale située au 16, rue de la Poste à Belvaux, où une équipe de 12 personnes officie, dépeint un havre de calme, contrastant avec les chiffres révélateurs du rapport d’activité 2022. Les ménages aidés ont augmenté de 379 en 2013 à 537 en 2022, représentant presque 9 % de la population de la commune.

La liste des services proposés est vaste, allant du conseil minutieux à l’accompagnement dans les démarches, jusqu’à la gestion financière. « Nos rendez-vous, d’une durée généralement d’une heure, révèlent souvent que derrière une demande apparemment simple se cachent des enjeux plus profonds », explique Laura Mancinelli. Assistante sociale à Sanem depuis 2013, elle est à la tête du service depuis trois ans. Si la majorité des cas traités relèvent du financier, une part significative des prestations couvre l’aide administrative, le logement et la santé. 60% des prestations ne sont pas de nature financière.

« Dès qu’il s’agit d’argent, nous devons établir un bilan de la situation financière », précise Laura Mancinelli. « Mais les problèmes financiers découlent souvent d’autres difficultés. Par exemple, les gens ne savent parfois pas qu’ils ont droit à une subvention de loyer. Nous faisons ces demandes avec eux. » Le Gromperegeld est également méconnu. Les bénéficiaires d’une allocation de vie chère du Fonds national de solidarité, sous la supervision du ministère de la Famille, peuvent obtenir un complément de 70% du montant auprès de la commune. « Un client que nous avons aidé pendant des mois suite à la faillite de son entreprise passe régulièrement pour nous remercier, en récoltant son Gromperegeld. Mais souvent, nous ne savons pas comment nos client·e·s s’en sortent par la suite. Parfois, nous pensons avoir aidé, et quelques mois plus tard, ils·elles reviennent », confie Laura Mancinelli. En cas de dette insoutenable, les client·e·s sont orienté·e·s vers le service de surendettement, où ils peuvent obtenir une protection contre les saisies inattendues.

« Depuis 2021, il y a aussi un téléphone anonyme, mais malheureusement peu utilisé. » – Laura Mancinelli

Le travail peut être psychologiquement exigeant, admet l’assistante sociale, même si on doit se rappeler que les gens sont finalement responsables d’eux-mêmes. Quand des enfants sont impliqués, il est parfois nécessaire de signaler des cas de négligence au Service Central d’Assistance Sociale (SCAS). « Il y a aussi des cas où une personne vient et ne veut pas que son partenaire soit au courant. Dans de telles circonstances, nous ne pouvons pas aider, car nous avons besoin d’une vue d’ensemble », souligne Jemp Schlesser. Trois quarts des client·e·s ont entre 21 et 50 ans. « Nous proposons aussi la gestion financière. Les client·e·s signent une procuration pour que toutes leurs finances passent par un compte de gestion de l’Office social. Nous effectuons les virements et décidons d’un argent de poche. En parallèle, nous cherchons à économiser. Les gens s’en sortent souvent mieux qu’ils ne le feraient seuls. Cette approche a un effet éducatif notable, et peut être interrompue à tout moment à la discrétion des client·e·s », ajoute-t-il.

En termes de gestion, les frais de fonctionnement de l’Office social sont financés à moitié par le ministère de la Famille et à moitié par la commune, avec un appui supplémentaire sous forme de dons et des recettes provenant d’œuvres, axés sur des projets sociaux. « Chaque Office social est une entité distincte », explique Jemp Schlesser. « Il existe une entente qui représente les intérêts face à l’État. Mais chaque commune a son propre Office social. Les communes de moins de 6.000 habitant·e·s se regroupent pour des raisons organisationnelles et financières. » L’Office social de la Commune de Sanem n’est pas un service communal, mais un établissement public indépendant. Une convention règle la collaboration. « Ce qui est pratique, c’est que nous n’avons qu’une seule commune comme interlocuteur, et même si nous payons un loyer, nous avons été aidés pour nous établir ici. Un déménagement dans un nouvel établissement est prévu pour 2025. »

« La loi sur l’aide sociale nous mandate de prévenir que quiconque se retrouve sans abri ou ne succombe à la faim. » – Jemp Schlesser

La confidentialité des client·e·s est une priorité absolue. « Depuis 2021, il y a aussi un téléphone anonyme, mais malheureusement peu utilisé », dit Laura Mancinelli. « Nous sommes un refuge ouvert à tous ceux·celles présent·e·s sur le territoire de la commune, sans exception. Il y a des personne qui ne sont officiellement enregistrés nulle part », déclare Jemp Schlesser. « Nous pouvons alors fournir une adresse de référence. La situation du logement est difficile. Certains individus ont dans leur contrat de location une disposition qui leur interdit de procéder à l’enregistrement officiel à leur adresse de résidence. C’est illégal, et leur bloque notamment l’accès à l’aide. Pour les situations d’urgence, nous avons un logement où nous pouvons héberger des gens. Mais une seule habitation ne suffit pas. Les foyers sont surpeuplés, et parfois nous devons loger temporairement des gens à l’hôtel. »

En conclusion, Schlesser réaffirme la vocation de l’Office social à intervenir rapidement, notamment dans les cas nécessitant une intervention chirurgicale, le paiement des cotisations d’assurance maladie, ou les frais d’énergie et alimentaires. « Notre philosophie est de ne laisser personne derrière », résume Jemp Schlesser. « Il est préférable de venir nous voir dès qu’on est incapable de régler une première facture. Ou lorsqu’il apparaît évident qu’une facture à venir ne pourra pas être honorée. » Le président du conseil d’administration de l’Office social de la Commune de Sanem envisage certaines mesures concrètes qui pourraient simplifier leur travail à l’avenir. « De nombreuses demandes seraient éliminées si le tiers payant social était généralisé. De plus, les personnes se voient souvent suspendre leurs allocations de chômage pendant quatre mois en cas de rendez-vous ou d’appel manqué. Cette responsabilité retombe toujours sur l’Office social, et nous aimerions davantage de souplesse de la part de l’ADEM à cet égard. »

 

Plus d’informations

Office social
16, rue de la Poste
L-4477 Belvaux

Lundi au vendredi :  08h30 – 11h30 et 13h30 – 16h00

Téléphone :  59 30 75 – 899
Service de consultation anonyme et gratuit :  621 630 288

 

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