Eis Epicerie x Alain Welter

Les murs et les façades sont les tableaux de l’artiste graffiti Alain Welter. Quand on se promène dans le village de Koler dans la Commune de Garnich, on voit ses chefs-d’œuvre surdimensionnés qui ont été créés dans le cadre de son projet de bachelor sous le titre « Make Koler Kooler ». Ici se manifeste le principe que l’art peut être une plus-value dans des endroits inhabituels.

Ses illustrations sautent aux yeux et chaque mur raconte une autre histoire. L’artiste sollicité a travaillé dans la Commune de Sanem pendant le mois de mars pour transformer l’extérieur de l’épicerie solidaire « Eis Epicerie » à Soleuvre, 2 rue du Knapp et la marquer de son empreinte. On l’a rencontré pour une entrevue spontanée.

 

Alain Welter en mode de préparation


Comment est né ce projet ?

À la base, un de mes amis, un architecte, avait été approché pour le réaliser. Comme il n’était pas disponible, j’ai hérité le projet. Les esquisses étaient déjà prêtes il y a un an et demi, mais le début des travaux a été retardé.

 

Est-ce qu’il y avait des consignes ou est-ce que tu avais une grande liberté créatrice ?

C’est une œuvre de commande et il s’agit d’une épicerie. Le sujet impose donc les images, pour lesquels j’ai essayé d’intégrer un maximum de choses que l’on peut retrouver dans une épicerie. Après avoir étudié l’architecture du bâtiment et à cause des nombreuses fenêtres, j’ai décidé de suivre le principe des cases que j’avais déjà utilisé pour un des murs à Koler. Car même dans l’épicerie, on retrouve cette disposition géométrique avec les caisses et les rayons. En ce qui concerne les couleurs, j’ai repris celles du logo en ajoutant une couleur bleue pour avoir plus de contraste et de variation.

 

Comment utilises-tu tes esquisses sur le terrain ?

Elles me guident afin que j’aie un aperçu général et approximatif de l’œuvre et des emplacements. Mais je n’en ai pas besoin tout le temps, comme par exemple quand je tague des motifs géométriques. Au cours de ce projet, j’ai utilisé un élément sur la façade principale qui, en fait, était destiné pour un des côtés. Et j’ai intégré plein d’éléments sur un des côtés du bâtiment qui n’étaient pas du tout prévus. Il y a toujours des adaptations spontanées pendant la mise en œuvre.

 

Les outils d’Alain Welter

 

« J’ai appris à connaître mes atouts et mes points faibles »

 

Est-ce que tu te laisses inspirer pendant ton travail ?

Oui, en permanence. Très souvent, je ne m’en rends compte et je ne comprends mes choix qu’après coup. L’inspiration me vient sur place ou bien après avoir laissé passer une nuit. Il n’y a pas que les artistes similaires qui m’inspirent, mais beaucoup d’autres choses. Je trouve que la musique est en rapport avec la peinture. Si j’entends une chanson particulière ou certaines paroles, une image se forme dans ma tête que j’essaie de la transposer artistiquement. Il se peut aussi que l’actualité inspire des idées concrètes.

 

Si tu compares ce projet à ton premier travail sur un mur, comment as-tu développé ta façon de travailler ?

Pour l’épicerie, j’ai utilisé le même style que pour le premier mur que j’avais tagué à Koler il y a deux ans. J’ai clairement évolué. Mes illustrations sont beaucoup plus détaillées et je travaille d’une manière plus efficace et élaborée, notamment en utilisant un niveau à bulle pour facilement taguer des lignes droites. Contrairement à Koler, où je ne disposais que d’un échafaudage, j’ai pu utiliser une plate-forme élévatrice à Soleuvre. Tout cela me permet de travailler plus rapidement, même si ce projet m’a pris plus de temps à cause de la pluie pendant les deux premières semaines.

 

Donc pour toi, c’est du « learning by doing »?

Exactement. Mon premier mur à Koler était très simpliste. Entretemps, j’ai appris à connaître mes atouts et mes points faibles, et j’ai progressé d’un point de vue professionnel, ce qui se manifeste dans un travail plus net. J’ai aussi une autre perception des proportions et des volumes, dont je profite notamment pour faire des dégradés.

 

Alain Welter en pleine création

 

Est-ce que tu te voyais confronté à des casse-têtes face à ce bâtiment ?

Le mur a bouffé beaucoup de peinture, ce qui m’a énervé. Même si la surface était couverte assez rapidement, j’ai dû faire plusieurs couches.

 

Ne peut-on pas estimer le taux d’absorption au début ?

Cela dépend du mur. Ici, il n’y avait pas d’apprêt, ce qui favorise automatiquement l’absorption. Mais chaque projet est une nouvelle expérience. Une complication supplémentaire était due à la pente de la rue adjacente à l’un des côtés de l’épicerie. La nacelle n’était pas plane, et son alarme sonnait tout le temps et bloquait le système. Il y a aussi un arbre qui a compliqué l’accès au mur, mais en général, tout s’est bien passé.

 

 

Tu as donc laissé ton empreinte sur la « Eis Epicerie ». Quels sont tes prochains projets ?

D’abord, je vais partir en vacances à Paris avec des amis. Après, je réaliserai une petite œuvre à Wiltz avant de m’attaquer à un grand projet à Bettembourg, commandé par la maison des jeunes, où j’aurai presque toutes les libertés.

 

Est-ce que tu continueras aussi ton projet a Koler ?

Mon agenda d’été est presque plein, mais je n’ai pas encore l’intention de tourner la page définitivement. Il y a encore quelques murs à Koler que je voudrais taguer, mais je n’ai pas fait les démarches nécessaires jusqu’à présent.

 

 

Le vernissage officiel est le 5 avril 2019 à 19h00 en présence de l’artiste.

www.alainwelter.com

 

 

You don't have permission to register