Restaurant Madame Witzeg

Près de la Waassertrap à Belvaux, un nouveau restaurant a ouvert ses portes en octobre. Dès qu’on franchit la porte de Madame Witzeg, on est accueilli par tout le personnel avec un rire chaleureux. L’atmosphère est aimable et le calme règne, et tout de suite on s’aperçoit qu’une équipe extraordinaire est à œuvre.  Tant en cuisine qu’au service en salle, le travail est assuré par des personnes atteintes de Trisomie21, ce que l’on appelle le syndrome de Down, ou d’une autre restriction cognitive.

Au quotidien, elles sont épaulées par les deux responsables, Karin Reding (chargée de direction) et Steven Kukawka (chef en cuisine) ainsi que par l’éducatrice Manon Arent.

L’idée de ce restaurant inclusif et innovateur date d’il y plusieurs années déjà. Martine Eischen, la présidente de Trisomie21 asbl, qui est elle-même mère d’un enfant porteur du syndrome de Down, s’est interrogée, tout comme d’autres personnes concernées par ce sujet, quant aux opportunités professionnelles pour son enfant après le parcours scolaire.

Au Luxembourg, il existe une série d’ateliers d’inclusion professionnelle, appelés autrefois ateliers protégés, où les travailleurs·euses, ayant le statut de travailleur handicapé, s’adonnent à une activité adaptée à leurs besoins spécifiques et capacités individuelles. Ces ateliers, pour la plupart, n’ont toutefois pas de contact avec le monde extérieur.

En fait, nous fonctionnons comme n’importe quelle autre entreprise du secteur de la gastronomie.

En créant le restaurant Madame Witzeg, l’asbl voulait mettre sur pied quelque chose qui n’existait pas encore au Luxembourg : un endroit où l’inclusion et l’intégration se vivent au quotidien.   D’une part, un atelier où les salariés sont visibles, et où les gens qui n’ont en fait que peu l’occasion de fréquenter des personnes à besoins spécifiques, ont l’opportunité de les rencontrer dans une situation de la vie quotidienne. D’autre part, les personnes qui n’ont en réalité que très peu d’opportunités sur le marché de l’emploi, ont l’occasion de s’adonner à un travail normal et de prouver qu’elles ont des capacités, pourvu qu’elles bénéficient de l’encadrement et de la formation appropriés.

Karin Reding confirme également : « En fait, nous fonctionnons comme n’importe quelle autre entreprise du secteur de la gastronomie. Bien sûr, quelques modifications ont été apportées, telles notamment le processus de prise de commande qui a été simplifié. ». Sur une carte plastifiée, on peut choisir et indiquer par une croix ses différents choix, sur 8 en tout (2 entrées, 4 plats principaux et 2 desserts). Derrière les coulisses, on travaille aussi avec des check-listes et des pictogrammes. L’objectif est que les salariés arrivent en fin de compte à travailler de manière autonome.

 

 

 

« Ce que je trouve très positif, c’est que les salariés sont tout à fait volontaires et apprennent tout ce qu’on leur montre. », continue Karin, précédemment éducatrice graduée, en insistant sur le travail en équipe. « Nous devons pouvoir nous fier les uns aux autres et la confiance doit régner ».

En plus de cette dernière, il est aussi essentiel de consolider l’estime de soi des salariés et de les débarrasser de la peur qu’ils peuvent avoir, même s’il arrive qu’il y ait des ratés, affirme Karin encore. Dans un restaurant aussi extraordinaire, on s’attend à une certaine compréhension des clients si quelque chose ne devait pas se passer comme prévu. Certaines fois, tout n’est pas parfait et il peut arriver que l’assiette soit posée devant soi d’une manière peu raffinée, mais en revanche, les plats sont toujours servis avec un beau sourire qui vient du cœur.

Nous devons pouvoir nous fier les uns aux autres et la confiance doit régner.

Steven Kukawka, le chef, souligne combien Edoardo a appris en très peu de temps. On remarque qu’il est fier qu’Edo, comme l’appellent gentiment ses collègues de travail, arrive déjà à faire pas mal de choses de manière indépendante en cuisine. « J’ai toujours aimé travailler avec des apprentis, garçons et filles, et ce n’est en fait pas très différent ici de ce que j’ai vécu à mes anciens postes », explique Steven. Les deux sont apparemment très forts en cuisine et arrivent à mémoriser les différentes étapes du travail. Steven n’a d’ailleurs jamais ressenti d’angoisse ou de soucis par rapport à la proximité et au travail avec des personnes atteintes de Trisomie21. C’est peut-être dû au fait que, par sa maman qui travaille aussi dans un atelier ou par ses jobs de vacances dans le domaine, il a eu très jeune la possibilité d’être en contact avec des personnes aux restrictions cognitives.

« Je suis très heureux de travailler ici et j’apprécie de fréquenter mes collègues. C’est de loin plus relax que dans la gastronomie classique ; en revanche, les défis sont différents. D’abord j’ai bien entendu été obligé de me familiariser avec la thématique, par des lectures notamment, mais j’ai bénéficié de l’aide magnifique de mes deux collègues de travail, les pédagogues. », poursuit Steven. À l’instar de Karin, Steven évoque aussi l’importance de pouvoir avoir confiance en son équipe. En période de congé, il reste joignable pour ses collègues de travail, mais se réjouit d’autant plus quand son aide n’est pas requise.

Et Edoardo ne peut qu’approuver : « Hier, c’était moi le chef en cuisine et tout a bien fonctionné. » Le sourire aux lèvres, il explique combien il adore travailler chez Madame Witzeg. Il aime découper et émincer, préparer, cuisiner et même décorer. Après un stage de trois mois, le jeune homme a été le premier salarié à avoir eu un CDI au restaurant avec le statut de travailleur handicapé.

Hier, c’était moi le chef en cuisine et tout a bien fonctionné.

Et dans le meilleur des cas, d’autres stagiaires pourraient suivre la même voie. Pendant leur période de stage, ils peuvent découvrir et voir si le travail au restaurant leur convient. Puis, pendant une série de conversations, on regarde ce qui est possible en matière de CDI, explique Karin. Deux nouveaux stagiaires porteurs de Trisomie21 vont nous rejoindre en janvier et pas plus tard qu’en décembre, un nouveau commis viendra renforcer l’équipe en cuisine.

L’objectif consiste à continuer d’agrandir l’équipe afin de pouvoir ouvrir le restaurant également en soirée. D’après l’agrément, 12 personnes en tout pourraient se faire engager avec le statut de travailleur handicapé.

L’homme derrière le bar se rallie à ce souhait. Bob travaillait dans l’atelier d’une menuiserie auparavant, mais affirme que ce travail-ci l’épanouit davantage. « Tout le monde est sympa ici, on est bien encadré et le travail derrière le comptoir me plaît beaucoup. », dit-il en montrant les boissons qui, tout comme la nourriture, proviennent en majorité de productions locales, régionales et saisonnières.

Désirez-vous soutenir ce projet et en même temps savourer un repas délicieux ? Alors venez au restaurant Madame Witzeg à la Waassertrap et laissez-vous convaincre par ce concept extraordinaire.

Restaurant Madame Witzeg

60, rue Waassertrap
L-4408 Belvaux

Horaires d’ouverture:

lundi – vendredi de 11h00 à 15h30

cuisine ouverte de 12h00 à 15h00

Plats à emporter

Réservation obligatoire

Tel. 621 737 391 oder concept21@trisomie21.lu

 

 

Post tags:
You don't have permission to register