Succès dans le genre de l’horreur
Tout a commencé dans un club d’astronomie amateur, se souvient notre interlocuteur. « Le président était instituteur et il disait aux jeunes d’écrire des articles pour le journal du club. J’en faisais partie. » Au fil des années – les intérêts changent, d’autres choses occupent l’esprit – l’idée d’écrire un livre est peu à peu tombée dans l’oubli. « Mais elle a toujours été là », souligne Patrick Gengler. Devant nous, plusieurs livres sont posés sur la table : des œuvres signées P. G. Connor, le pseudonyme sous lequel il publie. « Ça, c’est ma série d’horreur », répond-il quand on soulève un des ouvrages. « Le premier et le deuxième tome se sont vendus à plus de 10.000 exemplaires », nous confie-t-il, visiblement fier – et à juste titre.
À la question de savoir pourquoi il a choisi ce genre en particulier, Patrick répond : « C’est plutôt un hasard… Vous connaissez la série The Walking Dead ? Je l’avais critiquée, parce qu’elle avait fini par m’ennuyer. Et là, on m’a lancé : “Ben écris ton propre livre alors, tu verras comme c’est difficile.” Voilà – aujourd’hui, j’en suis au troisième tome de ma série. »
L’histoire de Die Z Akten se déroule entre l’Allemagne et le Luxembourg, et met en scène un virus qui transforme l’humanité en monstres – un clin d’œil évident à The Walking Dead.
Est-il ancré dans le genre ? « L’idée d’écrire un thriller me trotte dans la tête, » admet-il après une courte pause. « J’ai même déjà commencé à y travailler, mais c’est encore un peu tôt pour en parler. » D’ici là, d’autres projets sont en cours, notamment une suite à sa série de fantasy Die Eichenthron Annalen. « Elle s’est moins bien vendue, » précise-t-il. Selon Patrick, la concurrence est bien plus rude dans ce domaine. « La communauté horreur est plus fidèle. Dans ce genre-là, ça se lance un peu tout seul. »
Autoédition ou maison d’édition : telle est la question
Une bonne dose d’initiative personnelle – voilà ce que partagent tous les inscrits à son cours, selon le natif de Belvaux. « Les gens qui viennent ici ont tous l’envie d’écrire un livre un jour. Ce cours, c’est la partie théorique. » L’auteur y explique comment s’orienter, que ce soit vers l’autoédition ou une maison d’édition classique. « Parce que ce que beaucoup ignorent, c’est qu’écrire un livre ne suffit pas. » Saviez-vous, par exemple, qu’il existe de nombreuses questions juridiques à anticiper ? « Imaginez que vous écriviez sur une grande marque, que vous la dénigriez, et que votre livre devienne un immense succès – tout le monde en parle. Eh bien, cette entreprise pourrait vous attaquer en justice. »
« J’ai mes lecteurs-testeurs. Ce sont des amis, des passionnés de lecture. Ils me donnent les retours dont j’ai besoin. » – Patrick Gengler
D’autres questions à se poser : autoédition ou maison d’édition ? Se lancer en autoédition signifie tout gérer soi-même. Collaborer avec une maison d’édition, en revanche, implique de céder une part de contrôle. « Cela peut aller jusqu’au changement du nom d’un personnage si votre choix ne leur plaît pas », souligne l’auteur.
Sous le pseudonyme P. G. Connor, Patrick publie principalement en autoédition. « À l’exception d’une de mes nouvelles, parue dans un recueil collectif. » Sur son chemin vers l’écriture, il avait suivi un cours donné par une autrice. « Un an plus tard, le projet avec elle était terminé et elle m’a parlé de ce recueil de nouvelles. Elle m’a proposé de soumettre un texte. Et ça a marché. Il a été accepté tout de suite. »
Travail de fond
Beaucoup ignorent à quel point il faut s’investir dans une histoire, poursuit-il. « C’est un vrai travail de fond. À un moment donné, tu ne sais plus où tu en es, il faut prendre du recul et te recentrer. » Le projet « écrire un livre » inclut autant le choix du genre et le développement de l’idée que le travail de relecture, de correction et de mise au point.
« Il ne faut pas faire ça tout seul. À force, tu ne vois plus les plus petites incohérences », explique Patrick. « J’ai mes lecteurs-testeurs. Ce sont des amis, des passionnés de lecture. Ils me donnent les retours dont j’ai besoin. »
Comme certainement beaucoup d’autres qui s’attellent à écrire plusieurs centaines de pages, Patrick a besoin de pauses régulières entre les phases d’écriture.
« Tu ne peux pas juste écrire, écrire, écrire d’une traite. L’éditeur le sent, quand j’aurais dû faire une pause – et que je ne l’ai pas faite. On m’a déjà dit : “Ah, là, ça aurait été bien que tu poses ton stylo.” » Dans ces moments-là, il laisse le texte de côté. « Je travaille alors sur un autre projet. C’est important. Ça me donne de nouvelles idées, de nouvelles perspectives. » Mais l’histoire, elle, ne le quitte jamais complètement. « Peu importe ce que je fais ou ce que je vois – tout peut devenir une source d’inspiration. » Autrement dit : tout peut un jour faire partie du récit.
Une forte demande
Pendant notre entretien, la salle se remplit petit à petit. Des étudiant·e·s, des personnes venues directement après le travail… Il n’y a pas de profil type pour celles et ceux qui veulent écrire un livre. Aussi diverses que les histoires, le sont les personnes derrière ces textes. « Souvent, les gens ont déjà rédigé un manuscrit. Ils sont juste bloqués à un moment précis. » Plus tard, on apprend que certain·e·s ont effectivement déjà écrit un livre. Et pourtant, la demande pour ce type de cours est bien là, confirme Patrick. « L’an dernier, on a commencé à 11. Aujourd’hui, ils sont 14. Ce samedi marque le début de l’atelier où l’on se penchera de façon concrète sur la rédaction d’un livre. Certains viennent de mon premier cours de l’automne dernier. »
Pour Patrick, ce qui compte dans ce cours, c’est de pouvoir transmettre son savoir et son expérience. « Mon premier manuscrit était une catastrophe », admet-il en riant. « Aujourd’hui, je ne peux plus lire mes anciens textes », ajoute-t-il d’un regard critique. « Pas parce que ce n’était pas bon, mais parce que mon style a totalement changé. Peu avant 18h00, notre conversation touche à sa fin. La salle s’est bien remplie au fil de l’heure. Patrick referme la porte, lance sa présentation, se place devant la classe et regarde les visages pleins d’attente. C’est parti.