Le Service Senior+ de la Commune de Sanem a collaboré avec le SEA du Kannercampus Belval pour une initiative très spéciale. L’objectif est de réunir les enfants et les senior·e·s. Nous avons discuté avec les responsables.
C’est un projet né d’un petit souhait du personnel éducatif, nous explique Rachel Bindels, responsable de la SEA du Kannercampus Belval, lors de notre visite : « Lors de mes entretiens d’évaluation réguliers avec l’équipe, le souhait de rassembler les enfants et les senior·e·s a été exprimé à plusieurs reprises. » Nous sommes assis·e·s à la SEA du Kannercampus, autour de nous les enfants jouent. Les un·e·s sont assis·e·s à une partie de « Qui est-ce ? », les autres sont allongé·e·s dans un coin à feuilleter des livres.
L’idée des amitiés par lettres s’est rapidement concrétisée : il s’agissait d’offrir aux enfants une alternative aux écrans auxquels ils et elles sont confronté·e·s quotidiennement. « Nos éducateurs étaient unanimes pour que cela implique l’écriture. » C’est ainsi que le projet des correspondances épistolaires a pris vie.

« Moi-même, enfant, j’ai eu une correspondance avec des enfants au Burkina Faso, et je me souviens encore aujourd’hui de la joie que cela m’a procurée. Mon souhait était que nos enfants puissent vivre cela aussi : écrire des lettres ou dessiner des images, l’essentiel étant de faire quelque chose avec leurs mains, une manière différente de s’exprimer que ce à quoi ils sont souvent habitués. »
Tara Jung du Service Senior+ partage ce point de vue : « Chez moi, avec mon fils, c’était pareil, il était triste de ne pas recevoir de factures », raconte-t-elle en riant. « Alors, j’ai demandé à de bons collègues retraités de lui écrire une lettre. Il était très enthousiaste de recevoir une et rapide à répondre. » Tara souligne un autre aspect important : « Les enfants n’écrivent presque plus du tout. Par ce biais, ils apprennent à écrire et trouvent peut-être du plaisir à s’occuper et à s’exprimer de cette manière. »
Permettre des relations
Tara a constaté chez son fils la grande joie qu’il éprouvait en trouvant quelque chose dans la boîte aux lettres. C’est précisément ce sentiment que les enfants de la Maison Relais sont invité·e·s à vivre. « Nous ne voulons pas seulement proposer des activités, mais créer un véritable pont entre les générations », souligne Rachel du Kannercampus. « Beaucoup de nos enfants manquent de ces liens ici, car la famille vit loin et ils n’ont ni mamie ni papy sur place. Certains ne sont plus de ce monde ou vivent à l’étranger, ils ne connaissent donc pas cela. »
« Il existe des personnes âgées qui sont complètement seules. J’ai trouvé essentiel de leur donner le sentiment que la vie reste digne d’être vécue, même quand on est plus âgée. » – Tara Jung, Service Senior+
« Même ceux qui, pour des raisons de santé, ne sont plus aussi mobiles peuvent participer au projet par l’écriture de lettres », explique Michèle Limpach du Service Senior+. Pour que cela corresponde bien, les intérêts, les langues et les loisirs ont été pris en compte en amont afin que l’enfant et le·la senior·e soient compatibles dans la mesure du possible.
En plus des correspondances, le Service Senior+ et le SEA Kannercampus Belval ont travaillé sur un autre projet : des ateliers créatifs en hiver. Dès le départ, les responsables ont décidé que ces ateliers reposeraient sur quatre axes : musique, créativité, mouvement et gastronomie. Dès 2020, à l’ouverture du Kannercampus à Belval, l’équipe autour de Rachel a fait connaissance avec l’approche intergénérationnelle. « Nous avons vécu de beaux moments similaires avec le projet IRIS », se souvient notre interloctrice. « Les enfants étaient au REWA et à la Waassertrap en contact avec les résidents. Ils ont pu faire l’expérience de ce que c’est que de ne plus bien entendre ou voir. Cela a suscité beaucoup d’émotion chez les enfants, il était donc évident de lancer un projet similaire. »



Les enfants peuvent choisir eux·elles-mêmes à quels ateliers ils·elles souhaitent participer. « Ils choisissent ce qui leur plaît : dessiner, cuisiner, bouger ou être créatif – il doit y avoir quelque chose pour chacun. » Pour les senior·e·s, ces moments sont une pause dans le quotidien, une occasion, tout comme pour les enfants, d’essayer de nouveaux rôles. « Certaines personnes âgées sont très seules », souligne Tara. « Je trouve essentiel de leur donner le sentiment que la vie vaut la peine d’être vécue, même quand on est plus âgée. C’est ce simple message que je veux transmettre avec ce projet. »
Lutter contre l’isolement
Michèle du Service Senior+ déclare : « Nous ne voulions pas seulement animer, mais créer quelque chose de durable. Pour les personnes âgées, le risque d’isolement est grand – avec les lettres et les ateliers, ils se sentent valorisé·e·s et peuvent transmettre leur savoir et leur expérience. » Tara ajoute : « Autrefois, les personnes âgées étaient vues autrement. On les regardait avec admiration et elles étaient prises comme modèles. Aujourd’hui, malheureusement, la génération âgée est souvent considérée comme un fardeau. Elle a encore tant à offrir et nous pouvons énormément apprendre d’elle. Nous voulons leur rendre ce sentiment. »
Les ateliers se tiendront du 20 novembre au 19 décembre au Kannercampus Belval. En ce qui concerne le transport, il a vite été clair qu’une simple invitation ne suffirait pas. « Je craignais que le Kannercampus soit un peu éloigné lorsqu’on ne connaît pas les lieux », explique Tara. « C’est pourquoi nous avons organisé une navette spéciale. » Le transport est organisé par le service communal de transport. Les senior·e·s sont ainsi amené·e·s de la commune au campus et ramené·e·s en retour.
« Les enfants étaient à la REWA et à la Waassertrap en contact avec les résidents. Cela a eu un tel écho auprès des enfants qu’il était tout naturel de lancer un projet similaire. » – Rachel Bindels, responsable du SEA Belval
Tara est convaincue que les senior·e·s tirent beaucoup de projets dans lesquels ils·elles sont activement impliqué·e·s : « Celui qui reste actif vieillit mieux. Dans la prévention de la démence, on sait que l’apprentissage et les contacts sociaux renforcent le cerveau. Et qui sait, peut-être naîtra une longue amitié. »
En cas de succès, le projet sera poursuivi
Avec un regard vers l’avenir, une chose est sûre : « Nous voulons développer cela – peut-être inclure d’autres Maison Relais. » Les responsables tiennent à souligner que les lettres sont toujours écrites à la Maison Relais et qu’aucune adresse privée n’est communiquée ou transmise. La collaboration entre le Service Senior+ et le SEA montre qu’il n’est pas difficile de rassembler différentes générations. Cela doit servir d’inspiration pour renforcer l’espace de vie et la cohabitation intergénérationnelle en proposant activement des initiatives. « Nous réalisons nos projets par conviction et avec beaucoup de cœur », s’accordent les trois responsables. Comme le résume Michèle : « Si je vois que nous avons rendu heureux même seulement dix personnes, je trouve cela une belle réussite. »
Intéressé·e·s par une correspondance ? Contactez le Service Senior+ par téléphone au 59 30 75 – 631 / 731 ou par e-mail à senior.plus@suessem.lu.



